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rien de ſi touchant, que d’avoir veû Beleſis en l’eſtat où je le vy : il donna deux Lettres en partant à un Eſclave qui eſtoit à luy ; l’une pour Cleodore, & l’autre pour Hermogene : avec ordre de les aller rendre en main propre, dés qu’il ſeroit party. Ce qui m’embarraſſa un peu lors que je me ſeparay de Beleſis, fut que je vy qu’il r’envoya tout ſon train en ſon Pais, avec une Lettre pour ſon Pere, & qu’il ne retint qu’un Eſclave aveque luy : ne voulant point me dire, ny quel deſſein il avoit, ny quelle route il devoit tenir. Cependant celuy qui devoit rendre les Lettres qu’il avoit laiſſées pour Cleodore, & pour Hermogene, ne manqua pas de s’aquitter de ſa commiſſion. Comme il eſtoit aſſez matin, car Beleſis ſortit de Suſe à la premiere pointe du jour, il fut chez Hermogene devant que d’aller chez Cleodore, & luy rendit une Lettre qui eſtoit’peu prés conçeuë en ces termes,


BELESIS A HERMOGENE.

Je penſe que vous ne vous pleindrez pas de ce que je vous ay pris le Portrait de Cleodore, puis que je vous laiſſe en poſſeſſion de Cleodore meſme. Je ne vous nie pas que ſi j’euſſe trouvé quelque diſpoſition dans le cœur de cette admirable Perſonne a me pardonner, je vous l’aurois diſputée juſques à la mort ; & je vous advoüeray meſme