Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/606

Cette page n’a pas encore été corrigée

horrible confuſion de ma foibleſſe qu’il ne faut pas aprehender que j’y retombe. le ne l’aprehende pas auſſi, reſpondit elle bruſquement : car je vous aſſure que je m’intereſſe ſi peu en tout ce qui vous regarde, excepté aux choſes qui vous peuvent faſcher, que je ne me ſoucie point de tout ce qui vous arrivera. Cependant, adjouſta t’elle, j’ay à vous dire que je ne pretends nullement, que vous cherchiez les occcaſions de me parler, ſi vous ne voulez que je vous face mille incivilitez devant tout le monde. Mais Madame, repliqua-t’il, puis que tous mes ſervices paſſez ſont perdus aupres de vous, & que je ſuis deſtruit dans voſtre eſprit, ne contez donc s’il vous plaiſt pour rien, toutes les choſes paſſées : faites une compenſation de mes crimes & de mes ſervices, & ſouffrez que je recommence à vous aimer, comme ſi je ne vous avois jamais aimée : etc ſi lors vous n’eſtes ſatiſfaite de ma fidelité, traitez moy de laſche, & d infame, & eſpouſez meſme Hermogene. Mais juſques alors, ſouffrez Madame, que je vous die que je ne le sçaurois endurer. le l’eſpouſeray pourtant, repliqua t’elle, ſi mes Parens continuent de me le commander : c’eſt pourquoy le mieux que vous puiſſiez faire pour voſtre repos, eſt de l’endurer ſans en rien dire ; car auſſi bien en parleriez vous inutilement. Au reſte, ne penſez pas vous en prendre à Hermogene, ſi vous ne voulez que j’augmente encore pour vous de haine & de mépris. Cependant vous pouvez eſperer pour vous conſoler, que peut eſtre Tiſias mourra de ſes bleſſures, & qu’ainſi vous retournerez à Leoniſe, en m abandonnant une ſeconde fois : car comme elle eſt plus douce que moy, elle vous reçevra ſans doute mieux que je ne vous reçoy. Apres cela Beleſis, je n’ay plus rien