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me donnant une partie des biens dont vous l’aviez enrichy, repliqua t’il, je ſuis tout preſt d’aider à voſtre vangeance : & de les deffendre apres cela contre toute la Terre. Il paroiſt aſſez, reprit elle, que ces biens dont vous parlez n’eſtoient pas fort precieux, puis que Beleſis ne s’eſt pas ſoucié de les perdre : mais Hermogene il n’eſt pas temps de me dire une pareille choſe, puis que je n’ay pas beſoin d’augmentation de malheurs : c’eſt pourquoy je vous conjure de me dire ſincerement, ſi vous ne voulez pas m’aider à me vanger de Beleſis ? Car ſans cela je penſe que l’oublieray le ſervice que vous m’avez rendu, en me deſcouvrant ſon crime. Du moins Madame, reprit il, dittes moy quelle eſpece de vangeance vous en voulez tirer, auparavant que je vous promette rien : ce n’eſt pas que le croye que je vous puiſſe rien refuſer, ny que je vous ſoupçonne d’eſtre capable de vouloir m’obliger à faire une choſe qui fuſt indigne d’un homme d’honneur : mais j’advoüe que j’ay fait un ſi grand mal à Beleſis quoy qu’il ne le connoiſſe pas pour tel, de luy oſter voſtre eſtime & voſtre affection, en vous aprenant ſon inconſtance, que je ne ſeray pas marry de sçavoir ce que vous voulez que je face. Je veux, luy dit elle, que par le credit que je sçay que vous avez & aupres du Prince de Suſe, & aupres des Amis de Tiſias, vous faciez en ſorte que ce dernier eſpouſe Leoniſe : vous sçavez qu’il en a envie, & qu’il n’y a que quelques conſiderations de cabale & de famille qui l’empeſchent de pouſſer la choſe plus loin : c’eſt pourquoy comme je sçay que ſi vous le voulez, vous pouvez ſurmonter tous ces obſtacles, je vous conjure de le vouloir faire ; car pour Leoniſe, je ſuis aſſurée qu’en l’humeur où elle eſt preſentement, &