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qu’il voyoit Leoniſe dans un grand Cabinet qu’avoit ſa Tante, où il y avoit aux quatre faces quatre grands Miroirs d’acier bruni : parce que de quelque coſté qu’il ſe tournaſt, il voyoit touſjours Leoniſe, & meſme pluſieurs Leoniſes : du moins parloit il ainſi, quand il m’exageroit ſa paſſion. Il ne faut pas donc s’eſtonner de la precaution qu’il prenoit avec elle : car il luy arrivoit ſouvent de ragarder ſa Peinture, encore qu’il fuſt dans la meſme Chambre où elle eſtoit.

Voila donc, Seigneur, en quels termes en eſtoit Beleſis avec elle : cependant la pauvre Cleodore croyant que l’amour d’Hermogene eſtoit la veritable cauſe de la façon d’agir de Beleſis, prit une ferme reſolution de le prier de ne la voir plus : voyant que toutes les rudeſſes qu’elle luy faiſoit ne le rebutoient pas. Comme elle connoiſſoit qu’il eſtoit fort ſage, & qu’elle n’ignoroit pas qu’il avoit sçeu la plus grande partie de ce qui c’eſtoit paſſé entre elle & Beleſis, elle creût qu’il valoit mieux luy parler avec ſincerité : ſi bien que l’ayant trouvé dans la Chambre de ſa Tante, un jour qu’elle eſtoit occupée à parler à d’autre monde, elle ſe mit à 1 entretenir. Cependant comme il y avoit deſja quelque temps qu’elle le fuyoit ; Hermogene fut ravy de voir un changement ſi avantageux pour luy : il eſt vray que la joye ne fut pas long temps dans ſon cœur, car à peine eut elle ouvert la bouche, qu’il connut qu’il alloit avoir plus de ſujet de ſe pleindre de Cleodore, que de la remercier. De grace, luy dit elle, ne murmurez point de la priere que je m’en vay vous faire : & prenez s’il vous plaiſt la confiance que je vay prendre en vous, pour la plus grande marque d’eſtime & d’affection, que vous puiſſiez jamais recevoir de