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de l’avoir encore veüe, lors qu’elle avoit rencontré cét Eſtranger de bonne mine : & que de plus c’eſt la couſtume de ceux qui perdent quelque choſe, de le chercher meſme en des lieux où il ne peut eſtre, pluſtost que de ne le chercher point : elle envoya ces deux Eſcuyers, avec ordre d’aller juſques où elle avoit rencontré cét Eſtranger. Perinthe leur envia cette commiſſion, & voulut y aller ſeul : luy ſemblant qu’il trouveroit bien mieux qu’un autre ce que la Princeſſe avoit perdu : mais elle voulut qu’il demeuraſt aupres d’elle. Cependant comme ces deux Eſcuyers n’avoient jamais eſté dans ce Parc que je jour là, ils ſe tromperent : & prenant une route pour une autre, penſant eſtre à celle par où ils avoient paſſé, ils chercherent inutilement : & chercherent ſi long temps, que la Princeſſe eſtoit abſolument hors d’eſperance de recouvrer ce qu’elle avoit perdu, voyant qu’ils ne revenoient point ; lors que tout d’un coup cét aimable Eſtranger parut ; qui plus heureux qu’eux avoit trouvé ce Portrait. De ſorte que ne cherchant qu’une occaſion de parler à la Princeſſe, & ne doutant pas que cette Boiſte ne fuſt à elle, puis qu’il l’avoit trouvée en un lieu où elle avoit paſſé ; il deſcendit de cheval dés qu’il l’aperçeut au bord de cette Fontaine : & s’aprochant d’elle de fort bonne grace, & avec beaucoup de reſpect ; Madame, luy dit il en Lydien, & en luy preſentant la Boiſte qu’elle regrettoit, je voudrois bien avoir le bonheur que vous euſſiez perdu aujourd’huy ce que je remets entre vos mains : afin d’avoir l’avantage de vous avoir rendu une choſe qui vous devroit ſans doute eſtre chere. La Princeſſe qui s’eſtoit levée, dés qu’elle avoit veû cét Eſtranger s’aprocher d’elle, reconnut ſa Boiſte