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contribuoit autant qu’il faloit pour la rendre agreable : mais enfin apres avoir eſté long temps en ce lieu là, Beleſis dit à Cleodore que pour achever de luy faire la grace toute entiere, il faloit encore qu’elle luy fiſt : voir la Maiſon, apres luy avoir fait voirie Jardin. Vous ne la trouverez pas ſi belle que ce que vous avez deſja veû, dit elle, car à la reſerve d’une Sale baſſe & voûtée, qui eſt extrémement fraiſche en Eſte’, tout le reſte eſt peu de choſe : touteſfois puis que vous le voulez, il y faut aller. En diſant cela, Cleodore ſe leva ; Beleſis continuant de luy aider à marcher : & toute la compagnie les ſuivant, nous fuſmes à la Porte de la Salle : Cleodore ayant envoyé dire au Concierge qu’il la fiſt ouvrir. Mais Seigneur, il ne fut pas beſoin d’attendre : car dés que Cleodore & Beleſis furent au haut du Perron, l’on ouvrit la porte de la Salle : & Cleodore vit qu’il y avoit en ce lieu là, une Colation magnifique. Elle fut ſi ſurpriſe de cette veuë, & ſoupçonna ſi peu que ce pûſt eſtre Beleſis qui l’euſt fait preparer, qu’elle ſe retira, & voulut meſme refermer la Porte, croyant que c’eſtoit quelque galanterie ſecrette d’autres gens, & cherchant deſja qui ce pouvoit eſtre qui eſtoit dans cette Maiſon. Mais elle ne tut pas long temps en cette erreur ; car Beleſis pouſſant la Porte, on commença d’ouïr un concert admirable d’inſtruments, apres quoy ſe tournant vers Cleodore, il la pria de l’excuſer comme Eſtranger, s’il ne la traittoit pas auſſi poliment que s’il ne l’euſt pas eſté. Quoy Beleſis, luy dit elle, c’eſt moy qui viens vous monſtrer un Jardin, & c’eſt vous qui nous y donnez cette magnifique Colation ! du moins advoüez qu’Hermogene & Alcenor en ont eu le ſoin. Je ne veux pas leur faire cette honte, reprit il, en diſant un