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deux hommes qui avoient querelle : envoyant à l’heure meſme en advertir le Prince Mazare, qui ne sçeut pas pluſtoſt la choſe, qu’il ſuplia, Cyrus d’y donner ordre. Et comme en luy faiſant cette priere, il nomma Beleſis ; la Reine de la Suſiane joignit ſes prieres aux ſiennes : s’accuſant alors de ne s’eſtre pas ſouvenuë qu’Orſane luy en avoit parlé, comme eſtant aveque luy. Il eſt vray qu’elle eſtoit excuſable, de n’avoir pas ſi toſt penſé à s’informer de Beleſis, en revoyant ſon cher Abradate : neantmoins pour reparer la faute qu’elle diſoit avoir faite, d’avoir eu quelque negligence à demander des nouvelles d’un homme d’un ſi Grand merite ; elle fit sçavoir la choſe au Roy de la Suſiane : qui ayant aſſuré Cyrus que Beleſis eſtoit un homme de grande qualité, & de beaucoup d’eſprit ; & qui de plus avoit auſſi beaucoup de cœur, tous ces Princes voulurent paſſer dans une autre Chambre, afin d’y faire venir Beleſis, & celuy contre qui on diſoit qu’il avoit querelle. Mais la Reine de la Suſiane qui avoit une envie eſtrange de connoiſtre Beleſis, ſuplia Cyrus de les faire venir dans la ſienne : ſi bien que luy obeïſſant, il commanda qu’on les fiſt entrer. A peine furent : ils dans cette Chambre, qu’Abradate & Panthée reconnurent Hermogene qui eſtoit de Suſe, & de tres grande condition : & qui ayant eu deſſein de s’aller jetter dans Sardis, avoit apris par bonheur qu’Abradate avoit changé de Party : ſi bien qu’il avoit changé ſa route, & eſtoit venu à cette Ville, où il avoit sçeu qu’eſtoit la Reine de la Suſiane. Abradate & Panthée qui eſtimoient fort Hermogene, le carreſſerent extrémement, auſſi bien que Beleſis, quoy qu’ils ne connuſſent le dernier que de reputation, parce qu’il n’eſtoit plus à Suſe lors qu’ils y eſtoient allez, apres la