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de munitions pour ſon Armée, dans toutes les Villes voiſines, de peur de s’engager mal à propos. La Tréve ayant donc eſté renouvellée, le Prince Phraarte ne ſongea qu’à empeſcher s’il pouvoit que cette negociation ne s’achevaſt heureuſement : ce n’eſt pas qu’il n’eſtimaſt fort le Prince Artamas, & qu’il n’euſt voulu qu’il euſt eſté delivré : mais eſtant amoureux d’Araminte au point qu’il l’eſtoit, il ne pouvoit pas conſentir qu’elle paſſaſt dans le Party Ennemy, & de la perdre de veuë pour touſjours. Cependant comme les premiers jours de cette nouvelle Tréve ne furent employez qu’à faire ſimplement les propoſitions de Creſus, que l’on faiſoit auſſi au nom du Roy de Pont : Cyrus n’eſtoit pas ſi ocupé, qu’il n’allaſt viſiter Panthée, & prendre part à la joye qu’elle avoit de revoir Abradate. Le Roy d’Aſſirie y alloit auſſi quelqueſfois, auſſi bien que tous les autres Princes qui eſtoient dans cette Armée : de ſorte que pendant cette Tréve, on peut dire que la Cour de Panthée eſtoit la plus belle Cour du monde : n’y ayant pas un lieu en toute la Terre ; où il y euſt tant d’honneſtes gens enſemble qu’en celuy là. L’inconnu Anaxaris, fit voir pendant cette petite paix (s’il eſt permis de parler ainſi) qu’il avoit autant d’eſprit que de courage : le Prince Mazare quoy que tres melancolique, n’eſtant pas devenu incivil dans la Solitude où il avoit veſcu, viſita auſſi la Reine de la Suſiane ; Il vit auſſi la Princeſſe Araminte : mais les viſites qu’il leur rendoit, eſtoient ſimplement des viſites de civilit ;, & non pas de divertiſſement. Cependant le Roy de la Suſiane sçachant les divers intereſts de Cyrus & de Mazare, & de Mazare & du Roy d’Aſſirie, meſnagea ſi adroitement leurs eſprits, qu’ils vinrent enfin à vivre preſques enſemble comme s’