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Artamas, de qui vous deſirez tant la liberté. En diſant cela, le Roy d’Aſſirie & le Prince Mazare ſalüerent Cyrus : le premier avec une civilité un peu fiere : & l’autre avec un reſpect melancolique : Cyrus recevant leur ſalut & le leur rendant fort civilement, quoy qu’avec plus de froideur qu’il n’avoit reſolu d’en avoir. Il leur parla pourtant avec une generoſité ſans égale, dés qu’il eut ſurmonté la repugnance qu’il avoit à embraſſer ſes Rivaux, & les Raviſſeurs de Mandane : en effet, auſſi toſt que cette premiere & fâcheuſe ceremonie fut faite, je ne penſe pas, leur dit il, que la victoire puiſſe deſormais eſtre douteuſe pour nous ; ny que la Fortune, toute puiſſante qu’elle eſt, puiſſe s’oppoſer à la liberté de Mandane. Vous verrez (luy dit alors Mazare, en luy preſentant le Billet que Mandane avoit voulu qu’il luy aportaſt) que s’il euſt pleû à l’admirable Princeſſe dont vous parlez, elle ne ſeroit plus en priſon : & que j’aurois fait pour elle, tout ce que j’eſtois capable de faire, pour obtenir mon pardon. Cyrus prenant alors des mains de ſon Rival le Billet de Mandane, avec une agitation d’eſprit auſſi grande, qu’eſtoit celle de Mazare en le luy donnant, quoy qu’elle fuſt differente : il l’ouvrit, & y leût ces paroles, apres en avoir fait un compliment à ces Princes.


MANDANE A L’INVINCIBLE CYRUS.