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de Capeline environnée de plumes de diverſes couleurs, qui les garantiſſoit du Soleil : au deſſous de laquelle pendoit un voile flottant au gré du vent, dont elles te pouvoient couvrir le viſage quand elles vouloient. Leurs cheveux bouclez, quoy que negligeamment eſpars, & rattachez avec des rubans, leur tomboient juſques ſur la gorge : elles avoient toutes une magnifique Eſcharpe, où pendoit un Arc & un Carquoys : d’une main elles tenoient la bride de leurs chevaux, dont la houſſe eſtoit toute couverte d’or, & tous les crins renoüez de cordons d’or & d’argent : & de l’autre elles tenoient une Javeline d’Ebene garnie d’orfevrerie. Les mors & les brides des chevaux, eſtoient auſſi d’or ou d’argent : les habillemens des Dames eſtoient tous couvers de Pierreries : de ſorte que l’on ne peut rien voir de plus magnifique ny de plus beau. Car comme tous ces habillemens eſtoient de couleurs differentes ; & que les houſſes de leurs chevaux l’eſtoient auſſi ; cela faiſoit parmy les bois & les grandes routes du Parc, le plus bel objet du monde. Chaque Dame avoit un Chaſſeur deſtiné pour la conduire, qui devoit marcher aupres d’elle : & deux Eſcuyers à pied, qui devoient auſſi aller des deux coſtez. Chacune des Princeſſes devoit encore avoir deux Filles avec elles, habillées de meſme façon, qui les devoient touſjours ſuivre : de ſorte que la Princeſſe pria Doraliſe d’en vouloir eſtre, & me fit la grace de me choiſir entre toutes mes Compagnes. Elle voulut auſſi que Perinthe fuſt le Chaſſeur de Doraliſe : car pour le ſien, ce fut le Prince Mexaris. Le Prince Atys le fut d’une Fille nommée Anaxilée, dont il eſtoit amoureux : pour la Princeſſe Palmis, ce fut le Prince Arteſilas : mais comme cela ne ſerviroit