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t’il, voyez encore une fois Marteſie, & taſchez, de faire ce que je n’ay pas fait, Dittes luy qu’elle die a ſon incomparable Maiſtresse, qu’el— ne refuſe point la liberté : & qu’elle cherche dans ſon eſprit, par quelle voye je la puis aſſurer que je n’ay point d’autre deſſein que de la delivrer. La choſe preſſe extrémement : & ſi nous n’achevons noſtre entrepriſe durant la Tréve, nous ne la pourrons jamais faire reüſſir : puis que dés qu’elle ſera rompuë, il faudra que j’aille à l’Armée, & par conſequent je ne pourray plus demeurer icy ſans eſtre ſuspect. L’incommodité que je feins d’avoir preſentement afin d’eſtre en liberté d’agir, commence de donner quelque inquietude au Roy de Pont : c’eſt pourquoy encore une fois ſongez à moy, & faites vos derniers efforts : & s’il eſt. poſſible, ne les faites pas inutilement. je vous laiſſe à juger ſi je pouvois refuſer quelque choſe, à un Prince qui pouvoit tout ſur moy, & qui ne me demandoit rien d’injuſte : mais afin de mieux agir, Beleſis fut prendre un Billet de Tegée pour Cyleniſe, que je portay avec intention d’obliger Marteſie à le rendre à cette Fille : de ſorte qu’ayant parlé à ce Capitaine qui eſtoit de noſtre intelligence, il me fit entrer le ſoir ſuivant dans la Citadelle, & me donna encore moyen de parler à Marteſie, à qui je dis tout ce qu’on peut dire, pour luy faire connoiſtre que la Princeſſe avoit tort de ne vouloir pas qu’on la delivraſt. Et en effet je parlay ſi fortement, que je ſuis perſuadé qu’elle me creût : mais elle m’aſſura que quant à la Princeſſe, elle ne me croiroit pas. En ſuitte, comme je luy eus dit que j’avois un Billet pour Cyleniſe, elle me repliqua que cela ne ſerviroit de rien, comme elle me l’avoit deſja dit : parce que la Princeſſe Palmis ne