Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/395

Cette page n’a pas encore été corrigée

lieu eſt ſon Armée : dittes moy encore ſi le Prince Artamas eſt guery de ſes bleſſures, car la Princeſſe de Lydie en eſt en une peine eſtrange : & ſi ce n’eſt pas vous demander trop de choſes à la fois, vous me ferez auſſi plaiſir de m’aprendre ce qu’eſt devenu le pauvre Feraulas. Marteſie m’ayant parlé de cette ſorte, je ſatisfis ſa curioſité : apres quoy reprenant le diſcours que j’avois conmencé, je l’aſſuray ſi fortement que je sçavois une voye infaillible de delivrer les Princeſſes, & de remettre Mandane entre les mains de Cyrus, qu’enfin elle creut qu’il y avoit de la verité en mes paroles. Mais en meſme temps elle me dit que quant à la Princeſſe Palmis, elle ne croyoit pas qu’elle vouluſt ſortir de priſon, que par la main du Roy ſon Pere : principalement puis que le Prince Artamas eſtoit priſonnier de guerre : mais que cela n’empeſcheroit pas que la Princeſſe Mandane ne ſortist : c’eſt pourquoy, me dit elle, aprenez moy promptement ce qu’il faut faire. Il faut premierement, luy dis-je, que j’aye l’honneur de voir la Princeſſe : & que de plus, celuy qui eſt Chef de cette entrepriſe, & qui eſt preſentement dans la Chambre du Capitaine qui m’a conduit icy, ait auſſi la ſatisfaction de recevoir ſes ordres de ſa bouche. Tout ce que vous dittes, repliqua Marteſie, n’eſt pas bien difficile à faire, pourveu que vous ayez patience : car je croy que la Princeſſe de Lydie ſe retirera bientoſt. Mais en attendant, adjouſta t’elle, dittes moy quel eſt ce genereux Liberateur ; comment il pourra faire pour nous tirer d’icy ; & quand ce ſera ? car je voudrois que ce fuſt à l’heure meſme s’il eſtoit poſſible. Vous sçaurez à loiſir ces deux premieres choſes que vous demandez, repliquay-je, mais pour ce qui eſt de vous tirer d’icy, ce ſera