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beaucoup d’eſmotion ſur le viſage : & m’adreſſant la parole ; venez Orſane, me dit il, venez me dire ſi mes yeux m’abuſent : car comme je n’ay jamais veû Cyrus qu’une ſeule fois, & que je n’eſtois pas trop en eſtat de remarquer ſon viſage, je n’oſe aſſurer que ce ſoit luy qui vient de me ſalüer, & de me demander ſi je n’avois point rencontré un homme qu’il m’a dépeint. Il eſt pourtant vray, que ſi mon imagination a bien conſervé l’idée de ce Prince, celuy que je viens de voir eſt Cyrus : mais Seigneur, luy dis-je, n’aprenons nous pas par tous les lieux où nous paſſons, que Cyrus eſt à la teſte de ſon Armée ? je ſuis pourtant le plus trompé de tous les hommes, reprit il, ſi je ne le voy encore au pied d’un Arbre : en diſant cela, il me monſtra en effet l’Arbre contre lequel Vous eſtiez apuyé. Ha Orſane, reprit Cyrus, il faut que j’interrompe rompe voſtre recit, afin de vous deſabuser ! & que je vous aſſure que je n’eſtois point en Paphlagonie, lors que vous y avez paſſé. je vous reſpecte de telle ſorte, reſpondit Orſane, que j’aime mieux croire à vos paroles qu’à mes propres yeux : vos yeux, repliqua la Princeſſe Araminte en rougiſſant, ne ſont pas ſi mauvais que vous penſez : puis que ſelon les apparences, c’eſt le Prince Spitridate que vous avez rencontré : qui reſſemble ſi fort à l’illuſtre Cyrus, qu’il ne faut pas trouver eſtrange que vous vous y ſoyez trompé. Mais de grace, j’adjouſta telle, dittes moy preciſément le temps où vous viſtes celuy dont je parle. Orſane obeïſſant à la Princeſſe Araminte, luy apprit ce qu’elle vouloit sçavoir : de ſorte que par la ſupputation que Cyrus & elle en firent, ils trouverent qu’Orſane avoit rencontré Spitridate, trois ſemaines depuis que l’inconnu Anaxaris l’avoit laiſſé bleſſé en Paphlagonie : & aſſez près