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il n’y fut pas pluſtost, que prenant la parole : Madame, dit il à Panthée, je penſe que vous me pardonnerez aiſément tous les maux que vous avez endurez, durant l’abſence de l’illuſtre Abradate, puis que c’eſt par mon moyen, que vous le revoyez adjourd’huy. Mais afin que durant voſtre converſation, adjouſta t’il, la veuë d’un Prince qui a le malheur d’eſtre obligé de vous tenir captive ne la trouble pas, je m’en vay vous laiſſer en liberte de raconter toutes vos douleurs, à celuy qui les a cauſées. Panthée demeura ſi ſurprise de la veuë de ſon cher Abradate, qu’elle n’entendit pas la moitié de ce que Cyrus luy dit : elle ne laiſſa pourtant pas (apres qu’elle eut ſalüé ſon illuſtre Mary, avec autant d’affection que de reſpect) de ſuplier ce Prince d’eſtre le teſmoin de leur entretien : mais quoy qu’elle pûſt dire, il les laiſſa, pour aller faire une viſite à la Princeſſe Araminte, à laquelle il aprit qu’il venoit de laiſſer le Roy de la Suſiane avec Panthée. Cette Princeſſe ne le sçeut pas pluſtost, qu’elle eut une extréme envie de le connoiſtre : elle ne voulut pourtant pas interrompre ſi promptement un entretien ſi doux ; de ſorte qu’elle reçeut la viſite de Cyrus : qui pour la conſoler voulut luy perſuader qu’elle auroit un jour la joye de revoir Spitridate, comme Panthée revoyoit le Roy de la Suſiane. Mais durant qu’ils s’entretenoient ainſi, ces deux autres illuſtres Perſonnes, faiſoient un eſchange de toutes leurs douleurs paſſées, & de tous leurs plaiſirs preſens : touteſfois comme ils sçavoient qu’ils ne ſeroient pas longs, ils en eſtoient moins ſensibles. Cependant cette Grande Princeſſe, qui vouloit en quelque ſorte reconnoiſtre la generoſité de Cyrus en la publiant ; apres qu’ils ſe furent dits Abradate & elle tout ce qu’une véritable affection peut faire