Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/298

Cette page n’a pas encore été corrigée

de cette demande : & qui l’auroit infailliblement refuſée, ſi ayant mis la choſe en deliberation, elle n’euſt eſté reſoluë autrement : & d’autant pluſtost, que l’on ne pouvoit pas, ſans perdre beaucoup de monde, forcer les ennemis à combatre. Cyrus accorda donc la Tréve pour huit jours, à condition que ceux des ſiens qui voudroient aller dans Sardis, le pourroient avec autant de ſeureté, que ſes Ennemis pourroient venir dans ſon Camp : ce Prince ayant voulu que cette circonſtance fuſt ſpecifiée ; parce que tout l’avantage qu’il eſperoit de cette Tréve, eſtoit de sçavoir des nouvelles de Mandane, de ſes Rivaux, & de ſes Amis priſonniers. Joint que sçachant la diviſion qui eſtoit entre tous ces Princes, il eſpera encore l’augmenter : de ſorte que cette Tréve ayant eſté reſoluë, on la publia dés le lendemain dans toutes les deux Armées & dans Sardis : ſi bien qu’apres cela, il ſe fit une grande confuſion d’Amis & d’Ennemis en tous ces trois lieux, que l’on ne pouvoit plus faire de diſtinction de Party, en regardant les gens que l’on y voyoit. Toutes les Ruës de Sardis, auſſi bien que le Camp de Creſus, eſtoient pleines de Perſans, de Medes, d’Armeniens, d’Aſſiriens, & d’Hircaniens : & le Camp de Cyrus eſtoit auſſi tout remply de Lydiens, de Myſiens, de Grecs, de Thraces, & d’Egiptiens. Cependant la Tréve ne fut pas pluſtost publiée, que Cyrus envoya Ortalque à Sardis, afin de luy raporter au vray, s’il n’y auroit point moyen qu’il pûſt voir ſa chere Mandane : Lygdamis meſme ſe déguiſa pour cela, ne voulant pas ſe monſtrer publiquement dans cette Ville, parce qu’il y eſtoit trop connu : mais par tous les deux, il sçeut qu’il eſtoit abſolument impoſſible : & que depuis la Tréve, la Princeſſe