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fautes que l’amour fait commettre ; & que de plus Doraliſe & Pherenice luy avoient parle d’une façon qui ne l’aigriſſoit pas contre luy, il ne luy parla pas d’abord avec beaucoup de colere : de ſorte qu’Araſpe qui ne doutoit nullement que Cyrus ne sçeuſt preciſément quel eſtoit ſon crime, prit quelque aſſurance, & ſe reſolut de luy advoüer tout ce qu’il luy demanderoit. N’eſt-ce pas aſſez Araſpe, luy dit il, que je ſois perſecuté par mes Ennemis, ſans qu’il faille encore que mes Amis m’accablent ; & que vous que j’ay toujours ſi cherement aimé, contribuyez quelque choſe a mes deſplaisirs ? ne deviez vous pas juger, par le reſpect que je rendois à la Reine de la Suſiane, quel devoit eſtre celuy que je voulois que vous luy rendiſſiez ? je vous avois choiſi comme un homme ſage, & comme un inſensible, que vous faiſiez vanité d’eſtre : & cependant vous avez eu l’inconſideration d’aller donner des marques d’amour à une Grande Reine, qui eſt encore plus illuſtre par ſa vertu que par ſa condition. Il eſt vray Seigneur que je ſuis coupable, reprit Araſpe, ſi c’eſt eſtre coupable que d’avoir fait ce que je n’ay pû m’empeſcher de faire. Du moins, luy dit Cyrus, avoüez moy la choſe comme elle eſt : & dittes moy un peu comment vous ne vous eſtes point eſloigné de Panthée, dés que vous vous eſtes ſenty amoureux d’elle ? Vous sçavez que vous ayant veû une fois aſſez triſte, & croyant que l’employ que je vous avois donné ne vous plaiſoit pas, je vous offris de le donner à un autre, & de vous r’apeller aupres de moy : pourquoy donc n’acceptiez vous pas cette offre, ſi vous vous ſentiez quelque diſposition à une paſſion ſi peu raiſonnable ? Il eſt vray Seigneur, reprit il, que je devois faire ce que vous dites :