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Abradate s’avança, & le Roy de Pont le nommant à Cyrus, ce Prince le ſalüa avec un reſpect, qui luy fit alternent connoiſtre celuy qu’il rendoit à Panthée. Ce premier compliment eſtant paſſé, où Abradate luy rendit grace de la generoſité qu’il avoit de traiter ſi bien la Reine ſa femme : Cyrus prenant la parole, & regardant le Roy de Pont ; n’avez vous point pitié du Roy de la Suſiane, luy dit il, & ne voulez vous pas me mettre en eſtat de luy rendre la ſeule Perſonne qui le peut faire heureux ? Eh de grace, donnez moy la joye de pouvoir rompre les chaines de deux Grandes Princeſſes, en rompant celles de Mandane. Quelque intereſſé que je fois, repliqua Abradate, je n’ay pas la force de joindre mes prieres aux voſtres : parce que je connois trop bien quelle peine il y a à ſe priver de ce que l’on aime. C’eſt pourquoy Seigneur, ſans inſulter ſur un Grand Prince malheureux, je ſouffre mes infortunes ſans l’en accuſer : bien heureux encore, d’avoir trouvé un Ennemy auſſi genereux que vous. Durant qu’Abradate parloit ainſi, le nom de Telephane eſtant revenu dans l’eſprit de Cyrus malgré luy, il ſe mit à chercher des yeux parmy ce gros de Cavalerie Lydienne qui eſtoit fort proche, s’il ne le pourroit point connoiſtre à l’Eſcu qu’on luy avoit aſſuré qu’il pourroit toujours ; car encore que l’on sçeuſt bien qu’il ne s’agiſſoit pas de combatre ce jour là, tous ces Cavaliers ne laiſſoient pas d’eſtre armez. Cyrus regardant donc ſoigneusement parmy eux, durant qu’Abradate parloit, il vit au premier rang un homme de belle taille & bien monté, qui ayant alors la teſte tournée pour parler à un autre qui eſtoit au ſecond rang, ne luy permit pas d’abord de luy voir le viſage : mais qui par cette action détournée, luy monſtroit auſſi