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de les vaincre. Ce ne pût neantmoins eſtre le lendemain, à cauſe qu’il jugea à propos de faire commencer l’attaque devant le jour, pour eſpargner ſes Troupes, & les garantir des coups de Trait que ceux qui gardoient les Retranchemens auroient pû tirer plus juſte, s’il n’euſt pas eſté nuit. D’autre part, le Roy de Pont ne voulant rien hazarder, ne vouloir pas combattre que toute l’Armée de Creſus ne fuſt arrivée : & vouloit meſme que la Bataille ſe donnaſt plus prés de Sardis, afin que ſi Creſus la perdoit, il peuſt plus promptement ſe jetter dans cette Ville, pour y deffendre ſa Princeſſe : de ſorte qu’il ſe reſolut à décamper la nuit ſuivante. Pour cét effet, le jour ne fut pas pluſtost finy, que faiſant allumer grand nombre de feux comme à l’ordinaire, il fit marcher promptement toutes ſes Troupes vers la grande Plaine de Sardis : en laiſſant ſeulement quelques unes aux bords du ruiſſeau, juſques à ce que tout le reſte euſt deſja marché quelque temps : celles cy ſuivant les autres apres avec beaucoup de precipitation, auſſi toſt que l’heure qu’on leur avoit preſcrite fut arrivée. Cyrus fut donc eſtrangement ſurpris, lors qu’eſtant allé pour attaquer les Ennemis il ne les trouva plus : il deſtacha un gros de Cavalerie pour les ſuivre : & ſe mettant à la teſte, il les pourſuivit tres long temps : mais ils avoient fait une telle diligence qu’il ne les pût joindre : ſi bien que ne jugeant pas à propos de s’engager plus avant, il retourna ſur ſes pas : & occupa des le meſme jour le Poſte que les Lydiens avoient quitté. Il eut pourtant une douleur tres ſensible, de sçavoir par les bleſſez & parles malades, que les Ennemis avoient laiſſez dans leur Camp, que le Roy de Pont s’eſtoit allé poſter au delà de la Riviere d’Helle, qui coule