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bien que le Roy d’Aſſirie, reprit Cyrus avec precipitation, voit ma Princeſſe comme les autres ? & plus que les autres, dit Aglatidas, car il eſt continuellement à une feneſtre de ſa Chambre, qui donne de ce coſté là. Ha Aglatidas, s’écria Cyrus, que me dittes vous ! Seigneur, reprit il, ne ſoyez pas en peine de ce que je vous dis : eſtant certain que ce Prince n’en eſt guere plus heureux : car par les ordres du Roy de Pont, qui a grand credit aupres de Creſus, il eſt gardé ſi exactement, qu’il ne peut pas avoir la liberté de donner de ſes nouvelles, à la Princeſſe Mandane. Cyrus ayant calmé l’agitation de ſon eſprit, en aprenant une choſe qui luy eſtoit ſi agreable, commanda alors à Aglatidas qu’il luy rendiſt conte de ſon voyage regulierement : s’informant touteſfois encore auparavant, de la ſanté du Prince Artamas, comme de celle de tous les autres Priſonniers, & de Feraulas en particulier. Apres qu’Aglatidas luy eut donc apris, que le Prince Artamas eſtoit hors de danger, & que l’inconnu Anaxaris, Feraulas, Soſicle, & Tegée, ſe portoient bien : il luy dit qu’il avoit trouvé Creſus à Sardis, dont il avoit eſté traité fort civilement. Qu’apres avoir leû ſa Lettre, il luy avoit dit que ſa recommandation luy ſeroit touſjours fort chere, excepté pour le Prince Artamas : l’aſſurant qu’il luy donneroit ſa reſponce le lendemain. Qu’en ſuitte, luy ayant demandé permiſſion de donner une Lettre au Roy de Pont, de la part de la Princeſſe ſa Sœur, & une de la Reine de la Suſiane au Roy ſon Mary, il la luy avoit accordée : l’ayant fait conduire vers ces deux Princes, par les Gardes qu’on luy avoit donnez pour l’obſerver, tant qu’il ſeroit à Sardis. Mais, luy dit Cyrus, le Roy de Pont & Abradate n’eſtoient il pas au