Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/24

Cette page n’a pas encore été corrigée

au recit qu’elle leur alloit faire, le commença de cette ſorte.


HISTOIRE D’ABRADATE ET DE PANTHEE.

L’Honneur que j’ay eu d’eſtre eſlevée aupres de la Reine de la Suſiane, & le bonheur que j’ay d’en eſtre aimée, & de l’avoir toujours eſté, font qu’il ne m’eſt pas difficile de vous faire sçavoir toutes les particularitez de ſa vie, dont les commencement ont eſté bien eſloignez des faſcheuses avantures qui ſe ſont trouvées dans la ſuitte. je ne vous diray point, Madame, quelle eſt la Grandeur de ſa naiſſance : car vous n’ignorez pas que le Prince de Claſomene ſon Pere, eſt d’un Sang ſi illuſtre, que celuy de Creſus ne l’eſt pas plus. La Princeſſe ſa Mere eſtoit auſſi d’une tres grande Maiſon : mais elle la perdit ſi jeune, qu’elle ne ſe ſouvient pas de l’avoir veuë. Il eſt vray que cette Princeſſe trouva aupres d’une Sœur du Prince ſon Pere, qui demeuroit chez luy, toute la conduite qu’elle euſt pû eſperer de la Princeſſe ſa Mere. Baſiline (car la Sœur du Prince de Claſomene ſe nommoit ainſi) eſtoit une perſonne de grand eſprit & de grande vertu : qui apres avoir perdu ſon Mary fort jeune, ne s’eſtoit jamais voulu remarier. Elle avoit eſté belle &