point à la Princeſſe de ce qu’il m’alloit dire : me jurant qu’il ne me diroit rien que je fuſſe obligée de luy reveler. En ſuitte dequoy, il me demanda ſi je ne croyois pas que Perinthe fuſt amoureux de Panthée : & ſi je ne penſois pas auſſi bien que luy, que ſon mariage eſtoit la cauſe de ſon mal ? je ne sçay pas Seigneur, luy dis-je, ſi ce que vous dittes eſt vray : mais je sçay bien touſjours que ſi cela eſt, la Princeſſe ne le sçait pas. Non non me dit il, Pherenice, je ne vous dis pas cela par un ſentiment de jalouſie, mais par un ſentiment de pitié : l’eſtime que j’ay conçeuë de la vertu de Panthée, eſt ſi ſolidement eſtablie, que mille Amans à ſes pieds, ne m’obligeroient pas aujourd’huy à craindre qu’elle fuſt capable de la moindre foibleſſe : c’eſt pourquoy je vous conjure de me dire jegenûment ſi vous ne trouvez pas que j’aye raiſon de croire ce que je croy ? car ſi vous me confirmez dans mon ſentiment, je chercheray apres les voyes de ſoulager du moins le pauvre Perinthe, puis qu’il a un mal dont il ne sçauroit guerir. Mais Seigneur, luy dis-je, il n’eſt point beſoin de croire que Perinthe ſoit amoureux de Panthée, pour vous obliger à luy ordonner de faire ce qu’il pourra pour guerir, puis que vous l’eſtimez aſſez pour cela. je voy bien Pherenice, me dit il, que vous n’eſtes pas ſincere : cependant je vous advertis que Perinthe mourra, ſi on n’y prend garde : & je vous advoüe que luy douant le ſalut de Panthée, je ſeray ſensiblement touché de ſa perte ſi elle arrive. Mais quand tout ce que vous dittes ſeroit vray, luy dis-je, quel remede y auroit il ? celuy de faire que la Princeſſe luy commandaſt abſolument de ne ſe deſperer point, repliqua Abradate. Comme il diſoit cela, Panthée entra dans ſa Chambre, car Abradate m’y avoit trouvée : mais
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