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Durant que cette eſperance l’entretenoit, les Deputez de Suſe arriverent : qui apres avoir aſſuré Abradate de la fidelité de tous ſes ſujets, remercierent Creſus de la part de la Reine, de l’Aſyle qu’il luy avoit donné pendant ſon exil : & l’aſſurerent qu’elle conſerveroit touſjours le ſouvenir d’une obligation ſi ſensible. Apres cela, Abradate qui n’avoit rien voulu mander à Panthée, ny à Doraliſe, ny à moy, juſques à ce qu’il euſt amené la choſe au point où il la vouloit ; fut trouver Creſus un matin, pour luy dire que croyant qu’il ne s’eſtoit oppoſé au mariage de Panthée & de luy, que parce qu’il ne vouloit pas qu’un Prince Eſtranger s’eſtablist dans ſes Eſtats : il venoit luy declarer, qu’il eſtoit preſt de renoncer à tous les droits que cette Princeſſe avoit à la Principauté de Claſomene ſi elle y vouloit conſentir, pourveu qu’il agreaſt ſon mariage avec elle. Creſus entendant une propoſition ſi avantageuſe pour luy, l’eſcouta avec plaiſir, & promit de la faire au Prince de Claſomene : apres quoy Abradate l’ayant remercié, en le conjurant de luy tenir bien toſt ce qu’il luy promettoit : ce Prince fut dés le jour meſme chez le Prince de Claſomene, luy demander Panthée en mariage pour le Roy de la Suſiane. Car encore qu’il n’euſt pas le conſentement de la Reine ſa Mere, il ne laiſſoit pas de croire qu’elle approuveroit un choix authoriſé par Creſus : qui ne demandoit meſme cette Princeſſe, qu’a condition que cette Reine donneroit ſon conſentement, dont Abradate ne doutoit point du tout. Joint que les Deputez de Suſe, à qui il avoit dit ſon deſſein, l’aſſurerent ſi fortement qu’il ne trouveroit point d’obſtacle dans l’eſprit de la Reine ſa Mere, qu’il ne craignit pas de l’irriter : & d’autant