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il, car à vous parler franchement, je ne croy rien de ce que vous venez de me dire. Et que croyez vous donc ? luy dit elle ; je ne sçay encore ce que j’en dois croire, reprit il, mais je ſuis pourtant le plus trompé de tous les hommes ſi cette Lettre ne cache quelque ſecret. Si vous le croyez ainſi, interrompit Doraliſe, vous n’eſtes pas ce me ſemble raiſonnable, de me preſſer de vous le deſcouvrir : puis que vous sçavez bien que c’eſt une choſe que nos Amis nous doivent dire d’eux meſmes, & : que nous ne devons jamais leur demander. Si je ne voyois pas mon nom dans voſtre Lettre, reprit il, je ſerois ſans doute plus diſcret : mais apres avoir dit trois ou quatre menſonges de moy, je penſe eſtre en droit devons demander la verité que je veux sçavoir de vous. Et que voulez vous preciſément que je vous die ? repliqua Doraliſe : je veux, dit il, que vous m’apreniez à qui s’adreſſe cette Lettre, le vous ay deſja dit, reprit elle, que je ne vous le diray point : & tout ce que je puis pour voſtre ſatisfaction, eſt de vous proteſter que vous ne devez prendre nul intereſt à tout ce que j’ay dit, & tout ce que je dois dire, à la perſonne qui j’eſcris. Au nom des Dieux, s’eſcria Perinthe, ne me traittez point de cette ſorte : car ſi vous me refuſez, je diray ce qui me vient d’arriver, non ſeulement à tout le monde qui eſt icy, mais encore à toute la Cour, quand nous ſerons retournez à Sardis. Perinthe eſt ſi diſcret, reprit Doraliſe, que je n’ay garde de craindre qu’il me veüille fâcher : Doraliſe eſt quelquefois ſi malicieuſe, repliqua t’il, que Perinthe ne ſera pas fort coupable, de s’en vanger une fois en ſa vie. Mais quand vous direz reprit elle, tout ce que vous pretendez dire, que m’en arrivera t’il ? il arrivera ſans doute, reſpondit Perinthe,