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le dos tourné vers luy. Comme Doraliſe ſongeoit attentivement à ce qu’elle vouloit dire, on euſt peu meſme faire aſſez de bruit, qu’elle ne l’auroit pas entendu : c’eſt pourquoy il n’eſt pas eſtrange, ſi elle n’ouït point entrer Perinthe : qui ayant quelque curioſité devoir ce qu’elle eſcrivoit, afin d’avoir lieu de luy fai— la guerre de quelque choſe, comme elle la luy faiſoit touſjours ; ſe mit à ouvrir la porte tout doucement ; & marchant comme on marche quand on a peur d’eſveiller quelqu’un, il fut enfin ſe mettre derriere Doraliſe : où il ne fut pas ſi toſt, que panchant la teſte par deſſus ſon eſpaule, il ſe mit à lire ce qu’elle eſcrivoit à Abradate. Il ne pût touteſfois pas connoiſtre à qui cette Lettre s’adreſſoit : mais il fut bien ſurpris de voir que le premier mot qu’il y leût eſtoit ſon Nom. Sa curioſité redoublant donc encore, il leût tout ce qu’il y avoit d’eſcrit : qui, ſi je ne me trompe, eſtoit à peu prés conçeu en ces termes.

Perinthe me parla hier de vous, d’une maniere ſi obligeante, que je voudrois que vous puſſiez avoir entendu tout ce que nous diſmes a voſtre avantage. Voſtre derniere Lettre luy a ſemblé la plus jolie du monde : & ſi jolie enfin, que je lu luy ay veû lire trois fois. Vous sçavez que cette Perſonne s’y connoiſt aſſez, pour n’oſer apres cela vous donner des louanges : auſſi bien ay-je beaucoup d’autres choſes à vous dire, qui vous ſont plus……

Comme Doraliſe eſcrivoit ce dernier mot, & que Perinthe le liſoit, avec une impatience extréme d’en voir la ſuite, afin d’en entendre le commencement,