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Vainqueur de Mexaris, que quelques uns de ſes Amis que le hazard avoit amenez dans ce Jardin conduiſoient chez luy : & pour l’accabler davantage, il ne le vit pas pluſtost, qu’Abradate l’abordant, ſans attendre ce qu’il luy diroit ; ſi je puis ſans incivilité, luy dit il, vous conjurer de dire à la Princeſſe de Claſomene, que c’eſt par elle ſeule que la valeur du Prince Mexaris ne m’a pas vaincu, je vous prieray de le faire ; & de l’aſſurer que l’attribuë à la paſſion que j’ay pour elle, l’heureux ſuccés de mon combat. Perinthe eſtoit ſi interdit, qu’il eſcouta ce diſcours ſans y reſpondre, que par une profonde reverence : mais Abradate prenant ſon ſilence pour un conſentement à ce qu’il deſiroit de luy, le quitta, & fut attendre avec aſſez d’inquietude, ce que Creſus penſeroit de ſon action. Cependant tous ſes Amis agirent puiſſamment envers ce Prince : & entre les autres Andramite, qui penſant bien ſervir Perinthe, qu’il sçavoit l’avoir prié d’empeſcher que Creſus ne conſentist au Mariage de Mexaris & de Panthée, ſi tout ce qu’il pût pour apaiſer le Roy : qui en effet eſtant informé de la choſe, donna tout le tort au Prince ſon Frere, de qui les bleſſures n’eſtoient pas dangereuſes : & excuſa Abradate autant qu’il pût. Il voulut meſme qu’ils s’embraſſassent, dés que Mexaris fut guery : mais ce qu’il y eut de de cruel pour Abradate, fut que Perinthe sçachant que Creſus n’avoit guere plus d’envie que Panthée l’eſpousast que Mexaris, perſuada à Andramite, qu’il devoit obliger le Roy, pour oſter abſolument tout ſujet de querelle à deux ſi grands Princes, de leur deffendre eſgalement de ſonger au mariage de cette Princeſſe. Et en effet, Andramite agiſſant à la priere de Perinthe, qui luy diſoit pour colorer la choſe, que c’eſtoit que la Princeſſe de Claſomene eſtoit