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de quelque façon que ſoit la choſe. Ainſi ſans differer davancage, la Princeſſe envoya querir Perinthe : & Doraliſe eſtant venuë dans ma Chambre, laiſſa Panthée dans la liberté de faire dire à Perinthe ce qu’elle vouloit sçavoir de luy. Il ne fut donc pas plus toſt aupres d’elle, que le regardant avec aſſez d’attention, dittes moy je vous prie Perinthe, luy dit la Princeſſe, vous dois-je faire des reproches ou des remercimens ? je penſe Madame, repliqua t’il, que vous ne me devez faire ny remercimens ny reproches : puis que je ne me ſouviens pas de vous avoir rendu aucun ſervice conſiderable ; & que je sçay de certitude, que je n’ay jamais eu deſſein de vous deſplaire. Cependant, dit la Princeſſe, je ſuis advertie par une perſonne que vous m’avez rendu un grand ſervice : & par une autre que vous m’avez fait une grande infidélité. Parlez donc Perinthe, m’avez vous ſervie, ou m’avez vous deſobligée ? Si j’en croy mon cœur, luy dit elle, je croiray je premier : & je le ſens deſja tout diſposé, à reconnoiſtre importamment le ſervice que vous m’avez rendu : mais ſi l’en crois la perſonne qui a dépoſé contre vous, je ſeray obligée de m’en pleindre. je vous promets pourtant de vous pardonner, ſi vous m’advoüez voſtre crime : dittes donc Perinthe, que faut il que je penſe de vous ? Madame, luy dit il, quand je sçauray dequoy on m’accuſe, je verray ſi je me pourray juſtifier : pour vous montrer, luy dit elle, que je cherche pluſtost à me loüer de vous qu’à vous accuſer, dittes moy s’il eſt vray que ce ſoit à vous que j’aye l’obligation d’avoir eſté cauſe que Creſus a parlé ſi fortement à Mexaris ? Il eſt vray Madame, reprit il, que ne croyant pas que ce Prince là fuſt digne de vous, & ayant aſſez remarqué que vous aviez