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redoutable, que je ne puis croire qu’il ne connoiſſe bien par quelle raiſon il vous doit craindre. Vous me reſpondez ſi favorablement aujourd’huy, luy dit il, que j’ay preſques deſſein de vous demander encore beaucoup de choſes, que je meurs n’envie de sçavoir. Comme je ne les sçauray peut eſtre pas ſi bien, repliqua t’elle, que celles que je vous ay dittes, il pourra eſtre auſſi que mes reſponces ne vous ſeront pas ſi agreables, ou ne ſeront pas ſi aſſurées. Ha Doraliſe, s’écria t’il, vous sçavez bien preciſément en quels termes je ſuis dans l’eſprit de la Princeſſe que j’adore ! Ne vous ay-je pas deſja dit, reprit elle, qu’elle vous eſtime plus que Mexaris ? Ouy, repliqua t’il, mais apres avoir examiné ce diſcours, qui m’a d’abord donné tant de joye, je trouve qu’eſtre un peu plus eſtimé d’elle qu’un Prince qu’elle n’eſtime gueres, n’eſt pas une grande faneur. C’eſt pourquoy Doraliſe, puis que je me ſuis engagé à vous en tant dire, & que la violence de mon amour m’a forcé à vous parler de ce qui occupe toutes mes penſées, ayez de grace la generoſité de me dire, ſi je dois mourir deſesperé, ou s’il m’eſt permis de vivre avec quelque eſperance ? Seigneur, luy dit elle, vous m’en demandez plus que je n’en sçay : & par conſequent, plus que je ne vous en puis dire. Si je juge de la choſe par voſtre merite, & par l’eſprit de la Princeſſe, qui eſt tres capable de faire un juſte diſcernement des honneſtes gens, je trouve que vous avez lieu de croire que vous ſerez choiſi par elle : mais ſi j’en juge par le caprice de la Fortune, qui fait que ceux qui meritent le plus d’eſtre heureux ſont les plus miſerables, je trouve auſſi que vous avez ſujet de craindre que pluſieurs choſes ne s’opoſent à vos intentions. La Fortune, reprit il, peut