encore bi ? fait des reverences inutiles, ſi Mexaris quittât ſa promenade, & revenant à la feneſtre, ne l’euſt aperçeû, & n’en euſt fait apercevoir la Princeſſe. Madame, luy dit il, je penſe que l’on pourroit dire ſans menſonge, que vous voyez encore ce que vous ne voyez plus, & que vous ne voyez pas ce que vous regardez : car il me ſemble que Perinthe eſt un aſſez honneſte homme pour croire que ſi vous sçaviez qu’il vous ſaluë, vous luy rendriez ſon falut. La Princeſſe fort ſurprise du diſcours de Mexaris, où elle ne voulut pas reſpondre, vit en effet Perinthe ſous ſes feneſtres, à qui elle fit cent ſignes obligeans, comme luy faiſant excuſe de ne l’avoir point veû plus toſt. Elle apella meſme Doraliſe, à qui elle le monſtra : ainſi Mexaris ſans le sçavoir, fit recevoir cent careſſes à un de ſes Rivaux. Il eſt vray que Perinthe n’en eſtoit guere plus heureux ; par la cruelle penſée qu’il avoit, qu’il n’eſtoit bien avec la Princeſſe, que parce qu’elle ne sçavoit pas la paſſion qu’il avoit pour elle.
Cependant comme il faloit que Mexaris s’en allaſt au Palais du Roy, & que la Princeſſe luy dit qu’elle paſſeroit le reſte du jour dans la Maiſon où elle eſtoit, dont la Maiſtresse eſtoit de ſes Amies, il fut contraint de la quitter. Un quart d’heure apres qu’il fut party, Perinthe arriva : à qui la Princeſſe donna cent teſmoignages d’amitié. Doraliſe ſuivant ſa couſtume, luy fit touſjours la guerre de la paſſion ſecrette dont elle l’accuſoit : cherchant aveque ſoin à s’éclaircir de ſes ſoubçons, comme ſi elle euſt eu un intereſt particulier en Perinthe. Ce n’eſt pas qu’en effet elle y en priſt, car cette Perſonne eſtoit trop glorieuſe, & avoit l’ame trop bien faite, pour aimer ſans eſtre aimée : mais je penſe pourtant pouvoir dire que Doraliſe n’euſt pas eſté marrie que Perinthe euſt