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Apres cela, Mexaris ſortit de chez la Princeſſe : qui demeura avec une colere contre luy, que je ne vous sçaurois exprimer. je penſe meſme qu’il rendit un bon office à Abradate : car il me ſembla que depuis ce jour là, il parut encore plus d’eſtime pour luy dans tous les diſcours de Panthée. Cependant Mexaris pour ne perdre point de temps, fut un jour trouver le Prince de Claſomene : & apres pluſieurs diſcours indifferens, il luy dit qu’il avoit un advis à luy donner, dont il le prioit de faire ſon profit. En ſuitte dequoy, il adjouſta que l’honnorant comme il faiſoit, il croyoit à propos de luy dire, qu’il eſtoit de ſa prudence de donner ordre qu’au retour de la Cour, le Prince Abradate fuſt prié par la Princeſſe ſa Fille, de n’agir plus comme ſon Amant : qu’il sçavoit que c’eſtoit une alliance que Creſus n’aprouveroit pas : que de plus il ne ſeroit point avantageux à Panthée, d’eſpouser un Prince exilé, & qui n’auroit pour toutes choſes, que les bien faits du Roy, dés que la Reine ſa Mere ſeroit morte. Joint (luy dit il encore apres cela) que de la façon dont elle agira en cette occaſion, deſpend la reſolution d’un Prince, qui peut la mettre en un rang plus conſiderable qu’Abradate. Le Prince de Claſomene remercia Mexaris, de l’advis qu’il luy donnoit : & comme il n’ignoroit pas l’amour qu’il avoit pour ſa Fille, & que depuis la mort du Prince Atys, il ſouhaitoit pluſtost qu’elle l’eſpousast qu’Abradate ; il luy promit d’agir ſelon ſes conſcils, avec tant de defference, que Mexaris voulant pouſſer la choſe plus loin, luy deſcouvrit la paſſion qu’il avoit pour ſa Fille : & voulut meſme l’obliger à luy faire eſpouser devant le retour du Roy. Touteſfois quelques favorables paroles que luy donnaſt le Pere de la Princeſſe,