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que Cyrus luy fit, il luy dit que pour luy laiſſer la liberté d’eſcrire, il alloit faire la meſme priere à la Princeſſe Araminte pour le Roy ſon Frere : & en effet il y fut. Il ne la trouva pas moins diſposée que Panthée, à luy accorder une Lettre pour le Roy de Pont, comme l’autre luy en avoit accordé une pour celuy de la Suſiane : au contraire, il parut qu’elle y avoit meſme quelque intereſt. En effet la perſonne d’Anaxaris luy eſtoit devenuë ſi chere, depuis qu’elle avoit sçeu qu’il avoit ſauvé la vie à Spitridate, qu’elle aſſura Cyrus qu’il ne devoit point luy avoir d’obligation de la recommandation qu’elle alloit faire en faveur des Priſonniers dont il luy parloit, puis qu’il y en avoit un à qui elle eſtoit ſi redevable. Lors que Cyrus eut donc eſté auſſi long temps avec elle, qu’il creut qu’il y faloit eſtre, pour faire que Panthée euſt achevé d’eſcrire, il quitta Araminte, pour luy donner loiſir de faire la meſme choſe : & retourna à l’Apartement de la Reine de la Suſiane, qui voulut qu’il viſt la Lettre qu’elle eſcrivoit au Roy ſon Mary. Il s’en deffendit quelque temps, voulant luy teſmoigner une confiance abſoluë : mais elle voulant qu’il viſt ce qu’elle eſcrivoit, ſe mit à la lire tout haut : & elle eſtoit telle.