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- Aux cils noirs comme l’ébène,
- À l’œil tendre et langoureux,
- Doucement chantait ainsi :
- « Ô bel ami !
- » Ô mon chéri !
- » Quand la nuit couvre nos bois,
- » Viens à ma voix
- » Comme autrefois,
- » Miaou ! miaou !
- » N’entends-tu pas ce chant hindou ?
- » Miaou ! miaou !
- » Reviens à moi, bel Acajou ! »
ENSEMBLE.
MARIANNE.
- Miaou ! miaou !
- Quel est donc ce chant hindou ?
GUIDO.
- Miaou ! miaou !
- C’est la langue de Vischnou !
(Aux mots de miaou, Marianne regarde de tous côtés, comme si elle entendait un chat et paraît fort étonnée, Guido fait des signes désespérés à Minette, puis se remet à sourire à Marianne, comme pour lui donner le change.)
MINETTE, continuant.
II.
- « Je le vois, ton âme oublie
- » Tes serments et mon bonheur,
- » Les accents de ton amie
- » N’arrivent plus à ton cœur !
- » Une autre te plaît donc mieux !
- » Soyez heureux
- » Loin de mes yeux.
- » Mais si tu te repentais,
- » Je te plaindrais
- » Et te dirais :
- » Miaou ! miaou !
- » N’entends-tu pas ce chant hindou ?
- » Miaou ! miaou !
- » Reviens à moi, bel Acajou ! »
Reprise de l’ensemble.
GUIDO, applaudissant et regardant Marianne.
- Elle chante très gentiment !
MARIANNE, ironiquement.
- Oui.
GUIDO, à Minette.
- C’est charmant !
MARIANNE, à Minette.
- Oh !… oui… charmant.
GUIDO, voyant Minette lécher son assiette.
- Que fait-elle ? oh ! là là !
MARIANNE, la montrant à Guido.
- Mais voyez donc !
GUIDO, désolé.
- Nous y voilà.
MARIANNE.
- Encore !
MINETTE, avec impatience.
- Ah !
GUIDO, avec colère.
- Ah !
TOUS TROIS.
- Ah !
- Ah !
Ensemble, très vif.
MARIANNE.
- C’est épouvantable,
- C’est abominable,
- Ça me fait souffrir
- Comme un vrai martyr.
- Une jeune fille,
- Qui toujours sautille,
- Frétille,
- Sautille,
- Frétille,
- Sautille,
- Je n’y puis tenir,
- J’aime mieux partir.
MINETTE.
- C’est insupportable,
- C’est abominable ;
- Oui, c’est trop souffrir
- Comme un vrai martyr.
- Une vieille fille,
- Qui toujours babille,
- Babille,
- Babille,
- Babille,
- Babille,
- Je n’y puis tenir,
- Vous pouvez sortir.
GUIDO.
- C’est insupportable,
- Je me donne au diable,
- Ah ! c’est trop souffrir
- Comme un vrai martyr.
- Chacune babille,
- Tout mon sang pétille,
- Pétille,
- Pétille,
- Pétille,
- Pétille,
- Je n’y puis tenir,
- C’est peur en mourir.
MARIANNE, avec colère et ironie.
- Oui… je craindrais d’être indiscrète,
- Je sors…
(Cherchant des yeux.)
- Mais où donc est Minette ?
MINETTE, se levant étourdiment.
- Me voici !
MARIANNE, se retournant.
- Hein ?
GUIDO, bas et retenant Minette.
- Chut !