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je te l’ai dit ; est-ce que je ne t’ai pas dit cinq cent mille francs ?

POLIGNI.

Si, mon ami, mais je te ferai observer que son caractère… non pas qu’il ne soit excellent : mais il m’a paru bien léger, bien futile.

DORBEVAL.

Je conviens qu’elle a été, pendant huit ans, dans un des premiers pensionnats de Paris ; malgré cela, il n’est pas impossible… Il y a de bons hasards, des naturels qui résistent ; et puis, écoute, elle a cinq cent mille francs.

POLIGNI.

J’ai bien entendu ; mais il me semble qu’à son goût pour la parure, à la manière dont elle reçoit les hommages des jeunes gens, il se pourrait bien qu’elle fût un peu coquette.

DORBEVAL.

C’est possible ! Je n’en sais rien ; mais, ce que je sais, c’est qu’elle a…

POLIGNI, avec impatience.

Eh ! j’en suis bien persuadé.

DORBEVAL.

Eh bien ! alors, pourquoi hésites-tu ? car dans toutes les objections que tu m’as faites, il n’y en a pas qui ait apparence de raison.

POLIGNI.

C’est qu’il en est une dont je n’osais pas te parler, une qui est la plus forte de toutes, ou plutôt la seule véritable : j’aime quelqu’un.