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jeune héritière fort agréable. Je ne te dis pas que ce soit une beauté…

POLIGNI.

J’entends : elle est laide à faire peur.

DORBEVAL.

Du tout ! elle a cinq cent mille francs, et je réponds d’avance de son consentement, car il dépend de moi.

POLIGNI.

Comment ?

DORBEVAL.

Oui, mon cher, c’est Hermance, ma petite cousine et ma pupille. Comme son tuteur, je dois veiller à ses intérêts, et, par respect pour l’opinion, je ne peux pas la donner à quelqu’un qui n’a rien ; mais je peux la donner à un agent de change ; vois si tu veux le devenir.

POLIGNI.

Je suis confus de tant de bonté, de tant de générosité. Mais d’abord, je connais fort peu ta pupille. Je l’ai vue quelquefois chez ta femme, a tes soirées, et j’ai dansé hier avec elle deux ou trois contredanses.

DORBEVAL.

Eh bien ! l’entrevue est faite ! La contredanse de rigueur ! l’usage n’en veut qu’une ; vous êtes donc en avance. Du reste, si dans ces mariages-là tu veux savoir la marche à suivre, la voici : on parle aux parens, tu m’as parlé ; on demande : combien a-t-elle ?