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faut prendre l’autre parti, il faut te faire agent de change.

POLIGNI.

Y penses-tu ? Des charges dont le prix est énorme !

DORBEVAL.

Le moment est excellent : elles sont diminuées de beaucoup ; elles ne valent plus que huit cent mille francs, et elles baisseront encore.

POLIGNI.

Mais comment veux-tu ?…

DORBEVAL.

Il ne faut pas que tu paraisses là-dedans. Tu me feras tantôt ta procuration bien en règle ; et moi qui suis à même de savoir tout ce qui se passe, je saisirai la première occasion. Il y en a qui veulent vendre, je le sais, et demain, après demain, d’un instant à l’autre, cela peut-être terminé.

POLIGNI.

Mais réfléchis donc : huit cent mille francs ! comment veux-tu que je les paye ?

DORBEVAL.

Tu feras comme tout le monde : tu feras un beau mariage. Voilà maintenant comme on achète une charge : celles d’avoué, de notaire, ne se paient pas autrement, et je n’aurais rien fait pour toi si, en te conseillant une pareille acquisition, je ne te donnais pas les moyens de la payer. Je ne te proposerai pas de t’avancer les fonds, parce qu’il faudrait toujours que tu me les rendisses, et que cela reviendrait au même ; mais je te proposerai un fort beau parti, une