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DORBEVAL.

Lui-même.

POLIGNI.

N’en parlons plus. Ce n’était pas toi, c’est moi seul que cela regardait. Insulter un ami absent ! cela devient une injure personnelle.

OLIVIER, allant à lui, et lui prenant la main.

Je te reconnais là.

DORBEVAL.

Et me l’avoir laissé ignorer !… Je n’ai plus qu’un désir, c’est de m’acquitter avec toi ; et j’en trouverai les moyens. Oui, mes amis, oui, quoi qu’on en dise, la fortune n’a point gâté mon cœur ; je suis toujours avec vous ce que j’étais autrefois : un bon enfant, et pas autre chose. Si avec d’autres, par fois, je suis un peu orgueilleux, un peu… faquin, puisque l’épithète est connue, c’est que dans ma position il est bien difficile de résister au contentement de soi-même. On peut s’aveugler sur son esprit, mais non sur ses écus. Ils sont là dans ma caisse : un mérite bien en règle, dont j’ai la clef ; et quand on peut soi-même évaluer ce qu’on vaut à un centime près, ce n’est plus de l’orgueil, c’est de l’arithmétique.

POLIGNI, riant.

Il a raison : il faut de l’indulgence.

DORBEVAL.

C’est ce que je dis tous les jours : il faut bien nous passer quelque chose à nous autres pauvres riches. Mais il y a des gens intolérans : ceux surtout qui n’ont rien ; ils ont tort.