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courir à de pareils moyens : les vrais artistes, j’entends ; ils restent chez eux, ils travaillent, et le public est là qui les juge et les récompense.

DORBEVAL.

Dans le public, au moins, tu comprends tes amis de collège, tes anciens camarades.

OLIVIER.

Oui, mes amis, il n’y a que ceux-là sur lesquels on puisse compter.

DORBEVAL, lui prenant la main.

Et tu as bien raison !… Si je vous racontais, à propos d’amitié de collège, ce qui m’est arrivé à moi-même, hier, au café de Paris, sans que j’y fusse.

POLIGNI, à part.

Comment sait-il déjà cela ?

OLIVIER.

Qu’est-ce donc ?

DORBEVAL.

Un monsieur qui, sans doute, ne me connaissait pas, et qui s’est permis de me traiter de faquin… moi ! Heureusement c’était en présence d’un de nos anciens camarades, qui a pris si vivement ma défense, que la discussion a fini par un soufflet et par un coup d’épée… Voilà ce que j’ai appris ce matin ; et ce généreux protecteur, ce vaillant chevalier, qui, se rappelant le temps heureux des coups de poing du collège, se croyait encore obligé de me défendre, c’était Poligni.

OLIVIER.

Il se pourrait !