peine, surtout depuis quelque temps. Sais-tu que tu commences à percer, à avoir de la réputation. On se dit déjà : Ce petit Olivier ne va pas mal, ce gaillard-là aura un beau talent, et moi je réponds : Je crois bien, c’est mon camarade de collège ; je l’attends ce soir, vous le verrez… ; et puis tu ne viens pas ! C’est très désagréable, cela m’ôte même de ma considération : j’ai l’air de ne pas aimer les arts.
Pardon, mon cher, je suis un ingrat. Je te remercie, toi et tes amis, de la bonne opinion que vous avez de moi ; mais je pense que les artistes, s’ils sont sages, doivent fuir le grand monde, dans l’intérêt même de leur réputation. Pour te parler à mon tour en style des beaux-arts, ils sont comme ces peintures à fresque qui gagnent toujours à être vues de loin. Quand on les regarde de trop près, on se dit : Comment, ce n’est que cela ?… et c’est par amour-propre que je reste chez moi : j’aime mieux qu’on me voie par mes ouvrages.
Tu as tort : tu y perds des protecteurs.
Des protecteurs !… Grâce au ciel nous ne sommes plus dans ces temps où le talent ne pouvait se produire que sous quelque riche patronage ; où le génie, dans une humble dédicace, demandait à un sot la permission de passer à la postérité à l’ombre de son nom. Les artistes d’à présent pour acquérir de la considération et de la fortune n’ont pas besoin de re-