Page:Scribe - Théâtre, 9.djvu/426

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tel ce sage cacochyme,
Que l’ordre du médecin
Vient de soumettre au régime,
Il tonne contre le vin :
Gens bien portans, ô vous que font sourire
Sa morale et ses discours,
Laissez, laissez, laissez dire,
Laissez dire, et buvez toujours

FRÉDÉRIC.

J’ai vu prêcher la décence
À d’antiques séducteurs,
Et j’ai vu blâmer la danse
Par de ci-devant danseurs
Qui jadis étaient ingambes,
Et dont le zèle moral
Veut, quand ils n’ont plus de jambes,
Nous interdire le bal
Jeunes tendrons, ô vous que font sourire
Leur sagesse et leurs discours,
Laissez, laissez, laissez dire,
Laissez dire, et dansez toujours.

SAINT-EUGÈNE.

Maint censeur atrabilaire
De nos maux semble accuser
Les beaux-arts, dont la lumière
Éclaire sans embraser
Selon eux, tout périclite,
Et l’on devrait garotter
Ce siècle qui va trop vite,
Et qu’ils voudraient arrêter
Guerriers, savans, artistes, qu’on admire,
Loin d’écouter leurs discours,
Laissez, laissez, laissez dire,
Laissez, dire, et marchez toujours.