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prendre, je ne puis pas aller prier ce monsieur de… je ne me suis jamais trouvée dans cette position-là.

(Dans ce moment Canivet sort de la chambre de Frédéric. Nanette lui fait une belle révérence, mais il passe devant elle sans la regarder)

CANIVET, à part.

Il est ravi de l’argent que je viens de lui donner, il le paiera cher. Dans l’excès de sa joie, il m’a renouvelé son invitation à ce déjeuner dînatoire, soit. (Il s’assied sur un fauteuil à droite) Je vais en apprendre de belles. Tant mieux : je me ferai connaître au dessert, j’aurai le plaisir de le confondre : voilà le bouquet que je lui prépare.

NANETTE, à part, regardant Canivet à gauche.

Dieu ! a-t-il l’air sévère de ce côté-ci ! ce n’est pas de ce côté-là qu’il m’embrassera ; voyons de l’autre. (Elle passe a la droite de Canivet) C’est encore pis… (Repassant à gauche timidement et baissant les yeux) Monsieur…

CANIVET, avec brusquerie et sans se lever.

Qu’est-ce que vous me voulez ?

NANETTE, lui donnant le papier que lui a remis Simon.

C’est un papier que l’on m’a chargée de vous remettre.

CANIVET, le prenant.

Ah ! c’est de la part de nos actionnaires ! cet acte de société, si important pour moi. C’est bon, allez-vous-en.

NANETTE, à part.

Est-il gentil ! (Haut) C’est que j’aurais quelque chose à vous demander.