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avec M. de Saint-Martin : tout le monde s’en mêle.

NANETTE.

Qu’est-ce que ce papier-là ? c’est plié comme une assignation.

SAINT-EUGÈNE.

Laisse donc.

NANETTE.

Moi, je ne les connais que par celles de M. Frédéric ; si c’en était encore, voyez donc.

SAINT-EUGÈNE, prenant le papier.

Y penses-tu ? (Y jetant les yeux, à part) Dieu ! quel nom viens-je de lire ! M. Canivet, de Nantes… M. Canivet serait ici ! mon administrateur en chef, le beau-père de Frédéric !


Air : À soixante ans

Oui, c’est bien lui. C’est facile à comprendre,
Sous un faux nom, sous un titre inconnu,
Il vient ici, pour connaître son gendre,
Pour éprouver ses mœurs et sa vertu ;
Pauvre garçon ! Ah ! le voila perdu !
Moi, je suis fort ; car mon langage austère,
Car la morale a su me préserver ;
Grande leçon, qui doit bien nous prouver
Qu’a tout hasard il faut toujours en faire ;
On ne sait pas ce qui peut arriver.


Mais Frédéric, faut-il le prévenir du danger ? non ; il perdrait la tête, il gâterait tout ; il faut le sauver à son insu, à moi tout seul. Avec du sang-froid et de l’imagination… (Après un moment de réflexion) C’est ça, rien n’est encore désespéré. Viens ici, Nanette ; viens ! j’ai