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par une faveur spéciale, la fortune ne m’avait pas ôté jusqu’à la dernière pièce. Qu’il est heureux l’homme qui n’a rien ! la fortune n’a plus de leçon à lui donner, à moins qu’elle ne les lui donne gratis, ce qui est toujours un avantage.

CANIVET, à Frédéric.

Monsieur, vous avez là un ami précieux.

FRÉDÉRIC.

Puisqu’il vous plaît, restez avec nous à déjeuner ; vous philosopherez ensemble tout à votre aise, au dessert, au vin de Champagne ; car vous en boirez.

CANIVET.

Moi !

FRÉDÉRIC.

Vous ne l’aimez peut-être pas ?

CANIVET.

Je ne dis pas cela, monsieur, je l’aime peut-être autant que vous ; mais je n’en bois jamais. Quand on m’offre le premier verre, je refuse, pour ne pas être tenté d’en prendre un second.

SAINT-EUGÈNE.

Il est sûr que c’est le meilleur moyen.

CANIVET.

Et puis je me représente les suites fâcheuses de l’ivresse.

SAINT-EUGÈNE.

Le sommeil de toutes les facultés.

CANIVET.

On ne sait plus ce qu’on dit, ce qu’on fait ; on devient colère, emporté.