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NANETTE.

C’est bon, c’est bon, occupez-vous de mettre le couvert, car voilà monsieur qui rentre. (Thomasseau va à la table)

FRÉDÉRIC, entrant par le fond.

Vivat ! tout réussit au gré de mes vœux ; je suis le plus heureux des hommes.

NANETTE.

Que vous est-il donc arrivé ?

FRÉDÉRIC.

Je sors de chez mon adversaire, celui qui avait reçu un coup d’épée.

NANETTE.

Vous l’avez trouvé en bon état ?

FRÉDÉRIC.

Je ne l’ai pas trouvé du tout ! il était allé se promener aux Tuileries ; c’est bon signe ; me voilà tranquille de ce côté-là ; et, comme un bonheur ne va jamais sans l’autre, j’ai reçu des nouvelles de celle que j’aime, de ma chère Sophie, de ma femme ; car je vais bientôt lui donner ce titre. Au bas de la lettre de sa mère, elle m’a écrit trois lignes, les plus aimables, les plus tendres ; je l’ai pressée mille fois sur mes lèvres ! Si ce mariage-là avait dû se différer encore six mois, je crois que j’aurais perdu la tête.

NANETTE.

Avec ça que vous auriez moins de peine qu’un autre. (Elle va chercher les lettres qui sont sur la table, et les donne à Frédéric.) Car, sauf votre respect, il n’est déjà bruit dans le quartier que de vos extravagances.