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mourir que de décheoir à tous les yeux ! et je sacrifierais à cette idée mon avenir, mon amour, madame de Brienne, et moi-même s’il le faut.

OLIVIER.

Ô ciel ! madame de Brienne ! tu l’aimerais encore !

POLIGNI.

Plus que jamais !

OLIVIER.

Et cependant, tu lui as dit…

POLIGNI.

Oui, parce que je tenais à son estime, parce que je veux bien rougir à tes yeux, mais non pas aux siens ; et que, connaissant son âme noble et désintéressée, j’ai pensé qu’elle me pardonnerait mon inconstance plus aisément que ma fortune. Mais ce secret que je confie à toi seul, ne le trahis jamais : tu me le promets, tu me le jures ; je suis méprisable à ses yeux, si je ne suis infidèle.

OLIVIER.

Ah ! ne crains pas que je te trahisse ; tu sais que moi-même…

POLIGNI.

Oui, je me rends justice. Tu la mérites mieux que moi, tu es plus digne de tant de vertus. Qu’elle soit heureuse, qu’elle m’oublie, qu’elle t’aime ! c’est ce que je veux, c’est ce que je désire, et cependant… Adieu, adieu, plains-moi, et si je te suis cher, garde bien mon secret.

(Il entre dans le cabinet à droite.)