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lité qui me poursuit m’ait ôté le sens, le jugement, ait assez fasciné mes yeux pour me cacher la nullité de son esprit, la sécheresse de son cœur, la vanité, seul mobile de ses actions ? Crois-tu que, tout à l’heure encore, je ne l’aie pas vue, dans le salon, entourée d’une foule de jeunes fats, dont son sourire sollicitait les hommages ?

OLIVIER.

Et tu l’as souffert ?

POLIGNI.

Et que m’importe à moi !

OLIVIER.

Qu’entends-je ?

POLIGNI.

Je t’en ai trop dit pour te rien cacher. Aussi bien, je suis trop malheureux, et j’ai besoin d’un ami à qui confier mes peines. Oui, sans ce mariage, je suis perdu, déshonoré, obligé de fuir : à toi-même, je t’enlève le fruit de tes travaux !

OLIVIER.

Qu’importe ! sois heureux !

POLIGNI.

Je ne le puis : je dois six cent mille francs !

OLIVIER.

Grand Dieu !

POLIGNI.

Et je ne te parle pas de mes inquiétudes, de mes craintes, de mes tourmens : voilà ce qui m’en coûte pour être agent de change.