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encore ; de la considération, du crédit, le bonheur de recevoir mes amis ; car vous viendrez tous ! quelle ivresse ! quelle suite de plaisirs ! Nous n’aurons pas le temps de réfléchir, et déjà, d’avance, je ne puis te dire à quel point je suis heureux !

OLIVIER.

C’est singulier, cela n’en a pas l’air ; le bonheur a un aspect plus tranquille. Mais cet amour pour Hermance t’est donc venu bien subitement ?

POLIGNI.

Non, mon ami, je l’aimais et depuis long-temps, mais sans oser l’avouer à personne, parce que la dis*proportion de nos fortunes… la sienne qui est superbe, songe donc : cinq cent mille francs de dot !… on aurait pu croire… et jamais je ne me serais déclaré, sans Dorbeval, qui s’est aperçu de notre amour, qui l’approuve, qui consent à nous unir, et je lui dois ma fortune, mon bonheur, une jeune personne charmante, qui joint aux traits les plus séduisans le caractère le plus heureux !

OLIVIER.

Le caractère ! le caractère ! Il y a quelque temps cependant, tu me parlais de sa légèreté, de sa futilité.

POLIGNI, embarrassé.

Hein ! Je ne dis pas non, mais cela ne messied pas à une femme ; j’aime mieux qu’elle soit futile que d’être pédante ; et quand on réunit, comme elle, les qualités de l’esprit et du cœur…