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DORBEVAL.

Eh ! mon Dieu ! tu t’y feras ; le mariage en lui-même n’est pas autre chose, et ce n’est pas parce que ta femme est riche que tu feras plus mauvais ménage. Il y a dans le monde une foule de préjugés bourgeois contre la fortune et même contre la beauté ! Une jeune personne est-elle riche ? ah ! elle aura un mauvais caractère ; est-elle jolie ! elle sera coquette. Eh bien ! moi, je connais des femmes laides qui n’avaient rien, et qui font enrager leurs maris ; qui ne leur apportent dans leur ménage que des chagrins. Si elles avaient apporté une dot, la dot serait là ; c’est une indemnité ; car la fortune ne gâte rien et répare bien des choses. Je t’engage donc à prendre la tienne en patience, à t’y résigner, et à continuer ton système de passion, si cela te convient, si cela t’arrange.

POLIGNI.

Oui certainement. Il faut que mes amis, il faut que tout le monde me croie heureux ; il y va de mon honneur. Mais ce qui m’inquiète, c’est ce soir, dans ton salon, ce contrat de mariage. Quand devant tout le monde on lira les articles, quand on connaîtra mon peu de fortune et la dot d’Hermance, qu’est-ce qu’on va dire ? et puis, je crains qu’elle n’y soit.

DORBEVAL.

Qui donc ?

POLIGNI.

Madame de Brienne ! Grâce au ciel, elle a refusé d’assister à ce dîner ; aussi, tu as vu comme j’y étais bien, comme j’étais à mon aise ! Mais elle doit venir