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MADAME DE BRIENNE.

Je le crois… (Avec tendresse.) moi je vous aimais tant ! (Froidement.) Mais pendant mon absence, une autre a su vous plaire, cela ne dépendait pas de vous, vous n’avez pas voulu me tromper, vous avez agi en honnête homme, et je vous en remercie.

POLIGNI, prêt à se trahir.

Ah ! si vous saviez !

MADAME DE BRIENNE.

Plus tard peut-être je pourrai vous entendre ; mais dans ce moment, je ne veux rien savoir… rien… que son nom ; par pitié, dites-le-moi.

POLIGNI.

C’est une personne… qu’ici même, je crois, vous avez déjà vue : la pupille de Dorbeval.

MADAME DE BRIENNE.

Ô ciel ! c’est Hermance ! un pareil choix.. Pardon ; j’ai tellement l’habitude de m’occuper de vous, qu’il me semble que votre bonheur m’appartient encore, et je pensais que son caractère…

POLIGNI.

Il se peut, en effet, que son caractère… mais je l’aime.

MADAME DE BRIENNE.

Ah ! vous dites vrai, voilà qui répond à tout ! On ne raisonne pas avec son cœur, et ce matin encore, pour vous, j’ai rendu bien malheureux un honnête homme qui, plus que vous, méritait mon amour. Pauvre Olivier ! le voilà vengé de mon injustice ! mais je ne croyais pas que-ce fût à vous de m’en punir.