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MADAME DE BRIENNE.

Qu’est-ce donc ? vous me faites frémir. Achevez…

POLIGNI, à part.

Allons ! pour mon bonheur, ayons le courage de la tromper.

MADAME DE BRIENNE.

Eh bien !

POLIGNI.

Eh bien ! ce matin à votre arrivée, mon trouble, mon embarras, ces combats intérieurs, ces tourmens que je n’ai pu vous cacher, tout doit vous dire assez qu’en proie aux regrets et aux remords, me rappelant mes sermens et votre amour, m’accusant moi-même, je lutte en vain contre un sentiment qu’il n’a pas été en mon pouvoir ni d’empêcher, ni de vaincre.

MADAME DE BRIENNE.

Ô ciel ! vous en aimez une autre !

POLIGNI, hésitant.

Oui, madame.

MADAME DE BRIENNE, prête à se trouver mal.

Ah ! je me meurs !

POLIGNI, courant à elle pour la soutenir.

Amélie !

MADAME DE BRIENNE, revenant à elle.

Qu’avez-vous ? je ne me plains pas, je ne vous en veux pas ; est-ce moi qui vous accuse ?

POLIGNI.

Ah ! c’est moi-même, c’est mon propre cœur qui vous chérit encore plus que je n’ose le dire !