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même, que je vends mon bonheur ? et si elle demande combien ! Ah ! quel supplice de s’humilier devant celle qu’on aime ! Si au moins elle pouvait ne pas me mépriser. (Vivement.) Et pourquoi lui avouer que je fais ce mariage par intérêt ? Si elle pouvait croire que j’ai cessé de l’aimer, je n’aurais point à rougir à ses yeux… On n’est pas maître de son cœur : depuis trois ans que nous sommes séparés, ce n’est pas ma faute si je suis infidèle, si j’aime Hermance….. Ah ! le difficile est de me le persuader à moi-même, et surtout de le lui dire ; mais il n’y a pas d’autre moyen : il le faut… On vient ; c’est elle, je l’entends. (Tremblant.) Allons, du courage ! Dieu ! quel bonheur ! madame Dorbeval est avec elle ; (Avec joie) grâce au ciel, je ne puis encore lui parler, et mon supplice du moins est différé d’un instant.

(Il entre dans le cabinet à droite.)

Scène VII.

Madame DORBEVAL, Madame DE BRIENNE,
entrant par le salon à gauche et causant vivement.
MADAME DORBEVAL.

Oui, ma chère amie, tu te laisseras fléchir, tu lui pardonneras !

MADAME DE BRIENNE.

C’est possible ! mais dans bien long-temps.

MADAME DORBEVAL.

Non ; aujourd’hui même, et sur-le-champ, car tu en as autant d’envie que lui !