Page:Scribe - Théâtre, 9.djvu/181

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

devine les objections que tu vas me faire, et j’y répondrai d’un mot. Je suis certain qu’elle m’aime, qu’elle m’est fidèle. Peu importe comment j’en ai acquis la preuve, ma conviction me suffit ; et douter de sa vertu quand j’en suis persuadé, élever à ce sujet le plus léger soupçon, serait me faire une offense dont je demanderais compte à mon meilleur ami.

DORBEVAL.

Comme tu voudras, tu es le maître, et je ne dis plus rien.

POLIGNI.

Tu sens bien alors que je renonce à tous mes projets, à toutes mes espérances ; que je ne peux plus être agent de change.

DORBEVAL.

Franchement, je commence à croire que tu feras aussi bien ; car si tu dois toujours, comme aujourd’hui, changer d’idée à chaque instant, n’écouter que ton cœur ou ton imagination Ce n’est pas avec de l’imagination qu’on réussit à la Bourse.

POLIGNI.

C’est pour cela, mon ami, qu’il faut que tu viennes à mon secours. Voilà déjà trop long-temps que je suis agent de change, j’en ai assez, je me retire ; vends-moi ma charge, c’est le dernier service que j’attends de ton amitié.

DORBEVAL.

Puisque tu le veux absolument, je verrai, je chercherai : mais je ne te cache pas que le moment n’est pas favorable.